En cette période de pénurie de joutes sportives, d'indifférence latente et d'absence d'enflammades dans les débats peut être à cause d'une division en bois, je me retourne vers la nostalgie faite de souvenirs et d'heures passées sur ces putains de gradins de BR et de Mayol, voire d'endroits estrangers où même en me perdant je ne retomberai jamais (Gueugnon, Sochaux ...).
Depuis un moment j’avais envie de vous faire partager mes joueurs toulonnais préférés. Les voici sous forme de classements par poste ou thème, classements objectifs en termes de "ballon" (je pense ...), mais avec tout de même une touche de subjectivité en fonction des critères "humain" et situationnel.
Ces classements ne contenteront pas les très anciens ni les très jeunes, ne demande pas à tendre vers le consensus, juste à se remémorer quelques moments de gloire et surtout quelques "figures" qui ont jalonné notre route de supporter.
Gardiens :
1/ Joseph-Antoine Bell : Pour moi le gardien le plus complet et le plus charismatique que le Sporting ait eu. Excellent sur sa ligne comme dans les airs, il avait l’agilité d’un félin. Quelle intelligence et quelle bonne humeur !
2/ Pascal Olméta : Tout aussi fou qu’excellent, une présence remarquable, il en imposait dans les airs comme personne. Ses montées de malade et ses dribbles farfelus feraient pester plus d’un entraîneur aujourd’hui. Mais qu’est-ce-que ça manque des joueurs encore … joueurs, à l’âme de gamins !
3/ Pedro Viscaïno : Sobriété, intelligence le caractérisaient. Tout l’inverse d’Olméta en terme de personnalité, c’est clair qu’il n’aurait pas fait un disque ... Très bon sur sa ligne il a pris part intégrante à notre montée vers les sommets.
4/ Luc Borrelli : Disponibilité et gentillesse, sans oublier un sens du professionnalisme et du sacrifice aiguisé. Pas le meilleur relanceur certes, mais une unanimité humaine rare lors de sa disparition. Demandez à Joël Bats et Grégory Coupet !
5/ Marc Duval: pour l’empreinte qu’il a laissée à Toulon lui et son père.
Buteurs :
1/ Délio Onnis : « The » buteur. Simplicité, intelligence, un sens du placement et du but hors norme qui le rend intemporel. On ne claque pas 299 buts en L1 par hasard. Le renard des surfaces, qui ne roulait qu’en « ciao », est un des deux buteurs argentins qui a marqué le championnat de France (avec Carlos Bianchi).
2/ Victor Ramos : Digne héritier de Délio, avait lui aussi un sens du but hors du commun. Une petite année en azur et or et un titre de meilleur buteur de L1 à la clef, j’aurais bien aimé le voir à l’œuvre un peu plus.
3/ Milos Bursac : Moins renard des surface que les premiers nommés mais buteur quand même. Avait en plus ce toucher de balle que beaucoup de yougos possédaient. Il caressait le ballon plutôt qu’il ne le frappait.
4/ Arthur Moses : Une présence athlétique impressionnante. Il a allié remarquablement la puissance et la technique, pour nos souvenirs les plus récents au haut niveau à Toulon.
5/ Mesut Bilici = Jean-Noël Cabezas : Chacun dans son style, a été une pointe précieuse dans l’attaque toulonnaise. Décriés, pas toujours spectaculaires, mais souvent buteurs et décisifs, ils restent deux avant-centre qu’il fallait se farcir … et deux personnes attachantes.
Arrières centraux :
1/ Roger Mendy : La classe à l’état pur, une facilité déconcertante tant dans le jeu aérien que dans les duels. Savait tacler avec élégance et relancer tel un milieu de terrain. Un des rares toulonnais à s’exiler vers les calcio.
2/ Bernard Casoni : Défensivement il savait tout faire, intraitable dans sa zone, peut d’avant-centre lui ont posé problème. Arrivé sur un lit d’hôpital chez nous, certains l'annoncé mort pour le foot. On connait la suite ...
3/ Antoine Kombouare : Là encore, aucune faille défensivement, avec un jeu de tête remarquable. Une grinta et une aversion de la défaite énorme. M’a impressionné les seuls 6 mois qu’il a passés chez nous. Est parti et a gardé son sale caractère de « mauvais joueur » … et « entraineur ».
4/ Rolland Courbis : Nul ne savait manier l’intimidation comme lui. Tantôt avec les paroles, tantôt avec les fautes (n’est-ce-pas Lemoult ?), mais il avait de grandes qualités footballistiques malgré tout. Le « capitaine » par excellence, celui pour qui on va au feu grâce à son charisme naturel. Un meneur d’hommes hors pair.
5/ Mickaël Rebecq : Défenseur complet, il a été un des symboles du renouveau du Sporting avec en point d’orgue sa réponse à Didier Tholot pour une égalisation 2-2 avant d’éliminer le Bordeaux de Zidane.
Bad boys :
1/ Eric Vicente : Défenseur rugueux et dangereux. A filé des coups tout au long de sa carrière. Il finira celle-ci dans un match amateur de seconde zone en blessant grièvement un joueur adverse.
2/ Bernard Boissier : Un fou tendre. Défenseur rugueux capable un minimum de bien défendre ce qui lui vaudra d’être le sélectionné en bleu ayant le moins joué sous le maillot de l’équipe de France (1 sélection de 2 minutes). La maxime « le ballon passe mais pas l’homme » ne peut pas avoir meilleur représentant.
3/ Luigi Alfano : Le battant dans toute sa splendeur. Cet amoureux du club a atteint un niveau que lui-même ne soupçonnait pas. Arrivé de Saint-Cyr avec sa gueule et son jeu de tête, il aura représenté les valeurs toulonnaises sur tous les terrains de France. Amoureux des duels, a martyrisé un paquet de ballons et accessoirement quelques nuques adverses avec ses coups de tronche ravageurs.
4/ Régis Fontani : Le « furieux » qu’il vaut mieux avoir avec soi … surtout lors de ses débuts. A bâti sa carrière sur l’intimidation. Une légende dit qu’il aurait impressionné et mis à l’amende le vieux lion de Vescovatto, Charles Orlanducci, à Furiani même. Peu de match en équipe fanion, mais on voyait que ça bouillait sous la cocotte.
5/ Djamel Tlemçani : Arrivé de Rouen avec son bagage technique, il est reparti la valise pleine de mois de suspension après avoir coursé puis agressé un joueur adverse à Mayol. L’oncle d’Aziz (je crois) aura fait plus voir son côté sombre que son élégance technique entrevue le temps de quelques matches.
Virtuoses :
1/ Christian Dalger : S’il fallait n’en citer qu’un ce serait celui-là ! Sortant d’une coupe du Monde avec l’équipe de France, puis d’1 saison dans les premiers avec Monaco, il signe à Toulon alors rétrogradé en D3, par amour pour sa ville d’enfance ... tout simplement. Avec encore un niveau d’international, il s’est balladé à coup de dribbles, passes décisives, transversales, buts et coup-francs (ah celui de la dernière minute à Gueugnon pour une victoire 4-3 l’année de la montée !) pour nous amener au graal un soir de mai 83. Notre Platini à nous en somme !
2/ Gÿorgy Bognar : Digne héritier des virtuoses hongrois, il illumina Mayol par sa technique de dribbles et de passes, plus spécialement dans les périmètres restreints. Il caressait le ballon et voyait les solutions en un quart de seconde. Arrivé peu après la coupe du monde 86, il totalisera plus d’une cinquantaine de sélections pour l’équipe hongroise.
3/ Leonardo Rodriguez : Arrivé tel un OVNI dans le ciel toulonnais, prêté par Marseille en début de saison, il claque quasiment 1 match sur 2. Auteur de coups de génie mémorables (ah ce but sur retourné !), cet international argentin (coupe du monde 94) aura été LA star étrangère qui foulera la pelouse de Mayol. Né à Lanus, c’est nous qui avons eu du cul de l’avoir et le voir !
4/ David Ginola : Même s’il aura été largement meilleur à Paris que chez nous, ce potentiel hors norme de dribbleur le long de la touche nous avons pu en profiter pleinement. Véritable funambule sur son côté gauche, il aura martyrisé un paquet de latéraux. Ne se mettait pas au service du groupe et comme disait Courbis « était capable de se recoiffer pendant le match » … quel melon ! Mais quel talent !
5/ Ferreri = Paga = Henry : Chacun dans leur style ont marqué le Sporting. Ferreri pour son habileté à mener le jeu et son implication sous nos couleurs, Paganelli pour ses dribbles, coup-francs (demandez à Gaëtan Huard ?) et sa bonne humeur, Joël Henry pour sa vitesse et sa technique, malheureusement gâchées par ses sorties nocturnes et donc souvent ses blessures.
Récupérateurs :
1/ Bernard Pardo : L’aboyeur indispensable dans un club … puis en équipe de France sous l’ère Platini. Inlassable travailleur, ratisseur, n’avait pas son semblable pour rameuter les troupes et montrer l’exemple en termes d’engagement. Savait aussi se muer en buteur (avait une belle frappe), pour preuve sa trentaine de buts en D1. Une grinta incroyable alliée à une santé qui l’a quitté quelques années plus tard. Là encore, ses virées nocturnes n’y sont pas pour rien.
2/ Marcel Dib : Dans le même style que Pardo qui lui a succédé, Dib aura été le milieu relayeur qui manquait au club depuis des années. En provenance du 1er Canton, il sera un des artisans de la montée en D1, pour plus tard se retrouver, lui aussi, en équipe de France.
3/ Martin N’Kouka : Le petit numéro 6 qui ratisse, ratisse inlassablement. Encore un des artisans de la montée. Forma un duo de milieux performant avec Dib, permettant à Dalger d’orchestrer dans un fauteuil. Sa discrétion et sa modestie l’ont empêché d’aller voir ailleurs, dans un club plus huppé, comme Nantes par exemple, qui le courtisa longtemps.
4/ Peter Bosz : Pas spectaculaire sur un terrain mais avait le sens du devoir et du travail bien fait, un travail obscur mais important de colmatage et de premier rideau défensif. Fera plus tard les beaux jours de Feyenoord et glana même quelques sélections chez les « oranges ».
5/ Tigana = Brando : Là encore, plus performants après leur départ qu’à Toulon. Ils avaient laissé entrevoir de belles possibilités tout au long de leurs matches joués à BR pour l’un et à Mayol pour l’autre.
Complets :
Au-delà des stéréotypes de joueurs, selon leur poste ou leur point-fort ou leur mentalité, il y a les joueurs complets. Ceux qui sont bons partout et qui du coup sont hors normes. Qui sont intelligents. Qui jouent souvent au milieu et qui finissent souvent derrière. Qui sont capables de frapper de loin et de claquer de la tronche. Qui savent autant tacler et gratter un ballon que tirer un coup-franc.
En France on pourrait classer Laurent Blanc dans cette catégorie, mais aussi Franck Sauzée. D’autres certainement mais ils ne me viennent pas à l’esprit, mais Yohann Gourcuff sur son avant-dernière saison bordelaise en prenait le chemin.
A Toulon, trois me viennent à l’esprit dont deux sont tirés par les cheveux je le conçois : Patrick Storaï plus spécialement pour sa technique, Thierry Pfister pour sa vélocité certes passagère hélas et Jérôme Lemoigne, qui lui répond à tous les critères précédemment cités. C’était notre dernière très grosse perte et perle, celle que l’on espère un jour revoir sous nos couleurs quelle que soit la division.
A venir :
Les latéraux :
1/ René Marsiglia
2/ Philippe Thys
3/ Bernard Boissier et Cédric Charlet
4/ Jean-Martin Fall et Sébastien Gimenez
5/ Patrice Ferri
Les entraîneurs :
1/ Rolland Courbis
2/ Marcel Duval
3/ Jean-Louis Garcia
4/ Luigi Alfano
5/ Guy David