Interview exceptionnelle réalisée par le MAO pour le compte du Musée du Sporting Toulon
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Rolland Courbis : “Toulon, une identité du Sud”
LE MUSÉE DU SPORTING TOULON·SAMEDI 21 MAI 2016351 lectures
Il y a des hommes qui seront à jamais liés à une ville ou à un club. Pour tous les amateurs de foot, Guy Roux est Auxerre, Robert Herbin est Saint-Étienne et Gilbert Gress est Strasbourg. Sur la rade, un homme a réussi à faire que son nom soit automatiquement associé à celui du Sporting. Il sera resté neuf saisons au pied du Faron. Tout d'abord à la tête de la mythique défense Azur et Or, il prendra ensuite les rênes de l'équipe pour la mener au pied de l'Europe... Ce week-end, pour le musée du Sporting, il vous en dira un peu plus sur son aventure toulonnaise... Bonjour Rolland et merci de nous accorder un moment. Rolland, qu’y avait-il de différent à Toulon par rapport aux autres clubs que vous avez connus ? Déjà il y avait les adversaires traditionnels que l'on rencontrait et qu'il fallait battre pour exister, et localement il y avait tout simplement le rugby avec qui on avait des superbes rapports et même encore aujourd'hui et pas seulement avec Daniel Herrero que je considère comme un entraîneur et un communicateur hors norme. Quand je vois sa façon de s'exprimer et la construction de ses phrases, c'est un plaisir de l'écouter. Et en plus de ça 9 fois sur 10, c'est toujours intéressant. Le RCT n'était même pas un adversaire, mais plutôt un rival compte tenu de l'importance du rugby à Toulon. Il faut se rappeler qu'à cette époque-là, le RCT visait le titre pratiquement chaque année. Et pour les concurrencer avec le football qui jouait le maintien, c'était compliqué. Pour les gens, si tu voulais voir tes couleurs, ou ta ville gagner et devenir champion de France... c'était plus facile avec le rugby. Si l’on voit que le rugby pouvait être un « point faible » pour le Sporting, quels étaient à l’inverse ses points forts ? Justement ressembler, même si ce n'est pas le même sport, au rugby avec la combativité, la solidarité, avec des joueurs qui s'accrochent de la première à la dernière minute, la satisfaction que l'on pouvait avoir d’être réputés comme une équipe difficile à battre. On n'avait pas la prétention d'être une équipe qui donnait des leçons de football aux autres, mais on essayait aussi de ne pas en prendre, y compris contre les meilleures, et ça on l'a quand même réussi en partie pendant pas mal de temps. Je suis resté 9 ans à Toulon et on est parvenu à se maintenir en première division en ayant le dernier budget et même quelquefois en terminant à des places plus qu'honorables. Ça, c'était pas évident et on a réussi quand même. Par rapport à tout cela, sur quels critères vous basiez-vous pour recruter vos joueurs ? Justement, en privilégiant le recrutement de joueurs du Sud, ou habitués aux ambiances du Sud, que ce soit à Monaco pour Christian Dalger qui a montré l'exemple en venant en premier relever le challenge à Toulon ou les Chaussin, Ricort, Onnis, Émon, Pardo, Marsiglia qui venaient se rajouter aux Marcel Dib, Alfano, Boissier, Jean-Louis Bérenguier de La Ciotat, Martin N'Kouka ... On essayait de ressembler à une équipe avec une identité du Sud, quoi ! Avec le recul, il y aurait des choses que vous feriez différemment maintenant ? Oui, on a toujours des choses en tête après quelques années avec beaucoup plus d'expérience, c'est une évidence. Mais d’un autre côté, on est assez fiers de ce que l'on a fait, même si on peut toujours dire que l'on aurait pu mieux faire. Ce n'était pas évident, je me rappelle que les premières années, la veille, on ne savait pas où l'on allait s’entraîner le lendemain. Il y a quelque chose que vous regrettez du Sporting ? Il y a une saison où à la dernière journée on perd contre Nantes à domicile alors que les Nantais n'ont plus rien à jouer, ils ont leur gardien qui se blesse et on perd la 4e place, on se fait doubler par Metz et après, Metz a le plaisir de rencontrer le Barça. On aurait pu faire un Toulon-Barça aller/retour, ça aurait été magique. Dans votre livre Pourquoi mentir ?, vous parlez du fameux tunnel de Bon Rencontre, dites-nous-en un peu plus. Oui, on essayait de ressembler à ce qui se fait en rugby, d'intimider nos adversaires. Mais c'est vrai que venir nous battre à domicile, ce n’était pas impossible, mais ce n’était pas facile. Et les supporters du Sporting faisaient partie intégrante « du paysage » toulonnais à l’époque. Eh oui, ça faisait partie d'un tout, l'exubérance, les chants et les cris, c'était une force... Et quand je vois au rugby maintenant les gens qui chantent le Pilou-Pilou, ça me fait rire, mais je me régale ! Rolland, vous suivez encore les résultats du Sporting ? Ah oui, oui, oui. Je suis au courant que le Sporting remonte en CFA et j'en suis heureux. J’ai lu dans un article que vous ne retourniez jamais deux fois dans le même club, pourtant il y a eu Montpellier… On peut rêver de vous revoir un jour sur le banc à Bon Rencontre ? Ah c'est difficile. Je crois qu'il y a une certaine époque pour faire certaines choses. Retourner dans un endroit, ça m'est arrivé à Bordeaux, ça m'est arrivé à Montpellier, y a des avantages et des inconvénients. Quand on retourne, on a toujours dans la tête des idées d'une certaine façon et souvent, c'est totalement différent, pas obligatoirement négatif, mais une histoire qui se termine et vouloir faire une autre histoire dans le même club, c'est très très compliqué. Avez-vous un mot pour celles et ceux qui vont vous lire ? En tous les cas, ce n’est pas un mot que j'ai. C'est beaucoup plus que ça et tout ce qui se passe à Toulon, ça ne me laisse pas indifférent du tout. J'y ai passé 9 ans de ma vie, de 28 ans à 37 ans et ce sont des belles années en plus. Donc si les jeunes qui n'ont connu ni la Ligue 2, ni la Ligue 1 avec Toulon peuvent arriver à connaître ça, dans le Sud qui a déjà perdu Toulon et Cannes, des endroits quand même sympas qui ont disparu... Revoir le Sporting exister, ce serait pour moi beaucoup, beaucoup de bonheur ! Merci Rolland, j’ai une dernière question, elle n’est pas de moi mais de Luigi, qui se demande pourquoi vous appeliez son nez « une cravate » ? Oh, il avait une fracture du nez, avec laquelle tous les joueurs normalement constitués n'auraient pas joué. Ben lui, premièrement, il avait dit "Je joue" et deuxièmement sans masque de protection. Et puis, à un moment en faisant une tête le nez avait bougé, eh ben... il se l’est remis tout seul comme on remet un nœud de cravate... c'est pour ça ! (rires) Mille fois merci Rolland et bonne continuation à vous !