Claude JOYE, un bilan de l’ambition
Après un exercice 2016-17 décevant de la part du SCT, le MAO avait rendez-vous ce matin, à BR, afin de faire un bilan de la saison écoulée et de faire un point sur celle qui vient. Dans la chaleur d’un mois de juin déjà studieux du côté du club, c’est un actionnaire majoritaire plus que jamais motivé que le « Mouvement Azur et Or » a pu rencontrer pendant près de deux heures. Entretien en deux parties avec Claude Joye, qui n’a encore et toujours qu’un seul objectif en tête : la montée.
Monsieur Joye, quel bilan tirez-vous de cette année écoulée ?
La saison ne s’est pas passée comme on pouvait l’espérer. Bon, commençons par l’équipe 1 : son parcours est une déception, c’est clair. Pour moi, tout se goupille mal quand on commence d’entrée par perdre Bencharif. On ne pouvait pas le conserver. Le joueur atteint la trentaine, demande au club de le libérer pour aller jouer en professionnel en Algérie, avec, en ligne de mire, la Ligue des champions africaine. Comment le retenir ? Là-dessus, on perd notre neuf titulaire. On se dit qu’on a Samir Heinani, mais on l’avait pris pour qu’il joue en 9 ½. Il met deux ou trois buts en amical, fait des prestations correctes. Seulement, après, il ne confirme pas. On traîne donc, dès le départ, ce manque de véritable numéro 9 jusqu’à l’arrivée de Preira.
Avec l’épisode David Gigliotti entre-temps, tout de même ?
Oui, oui, avec l’épisode Gigliotti. On est encore persuadés aujourd’hui que le joueur a largement le niveau pour mettre des buts en CFA. Il arrive motivé, poussé par son entourage, on le signe… et dû à des problèmes personnels, il ne revient pas. Bon, on s’est plantés là, mais derrière, il a fallu réagir. Heureusement qu’on va chercher un Preira qui nous fait beaucoup de bien.
Ce classement est donc une déception ?
Oui, on part mal, et à l’arrivée, c’en est une, car notre ambition naturelle, c’est de monter. Mais le plus dur, ce n’est pas tant qu’on n’ait pas accédé au National en fin de saison : c’est de la terminer en février. Là … (Il souffle) ça a été très dur oui, c’était le pire des scénarios.
Que Rodez fasse un tel parcours avec un groupe quasiment inchangé, ça doit vous inspirer, quelque part, non ?
Mais attention, Rodez s’est bien renforcé, et de façon très intelligente ! Après ils ont fait le travail derrière, et ils ont eu la réussite qu’il fallait. C’est comme ça.
Dominique Veilex a cristallisé l’amertume des supporters, à juste titre ? C’était une erreur de casting ?
J’ai beaucoup de respect pour Dominique, vraiment. J’ai du respect pour les gens qui travaillent en général, personnellement, je sais ce que c’est, et Dominique bossait énormément. Les joueurs vous le diront, il mettait en place des séances d’entraînement d’une qualité exceptionnelle. Seulement, il n’a jamais su fédérer son groupe humainement. À ce niveau-là, oui, on a fait une erreur. Pourtant, je le répète, c’était un bosseur et un profil qui nous correspondait. Il part à la Réunion, là normalement, avec Cyril Manas, avec qui ça ne s’est pas le mieux passé, pourtant (en riant) ! De toute façon, une chose est claire : je cherche à mettre en place une organisation « staff » pérenne autour du coach. L’entraîneur, lui, n’est que de passage.
Cyril Manas, une déception sur ces dernières saisons ?
Oui, clairement. Nous sommes persuadés du potentiel du joueur, et le club s’est engagé vis-à- vis de lui concrètement. Bon, on peut considérer que nous n’avons pas eu le retour attendu en termes de performances.
Quel bilan tirez-vous de la fusion, un an après ?
Contrairement à ce que peuvent dire les gens, le bilan est excellent. Il a fallu mettre en place beaucoup de choses, mais le liant au sein du comité directeur s’est fait très rapidement. Il n’y a pas 4 personnes du Sporting d’un côté, 4 du Las de l’autre, et deux de la mairie au sein du Sporting. Mais bel et bien 8 personnes du SCT qui décident ensemble désormais et qui travaillent bien avec les 2 personnes de la municipalité. Au niveau du staff et des dirigeants, on a quand même récupéré des personnalités très compétentes dont on se félicite qu’elles soient avec nous aujourd’hui. Au niveau joueurs, il est certain cependant qu’il a fallu faire des choix. Mais après, c’est le football : regardez Medoukali. Une mentalité exemplaire. En début de saison, on lui dit clairement qu’on ne compte pas sur lui. Sa réponse : « Pas de problème, je gagnerai ma place, Président. » Le mec a toujours envie de jouer, en PHA, en CFA 2, en CFA… au final, il joue en équipe une et fait des prestations remarquées ! C’est un bonheur ce genre de joueur ! Après, c’est vrai que c’est dommage pour la ville de Toulon de perdre un club en CFA comme le Las, qui aurait pu faire le lien avec le Sporting quand celui-ci sera professionnel.
La CFA 2, parlons-en…
On a fait des erreurs, c’est certain. Mais la situation était très compliquée. Il a fallu intégrer les uns et les autres, la mayonnaise n’a jamais pris. Quand on a fait venir du monde, c’était déjà trop tard. Entre les allers-retours des joueurs, le statut des uns et des autres… on ne s’en est pas sortis. Une chose est sûre, l’ambition de la DH, l’année prochaine, c’est de remonter.
Coup de bol pour la PHA ?
Oui, on s’en sort bien. Après, là aussi, on n’a jamais réussi à stabiliser véritablement l’effectif, la fin de saison a été très difficile. L’avenir, mais ça a toujours été notre objectif, c’est de monter un véritable projet U23, pour laisser le temps à nos jeunes de mûrir, et d’en faire monter un maximum dans les catégories supérieures, au fur et à mesure, en fonction de leur potentiel.
Les U19 sont la véritable satisfaction de la saison, non ? (Avec Youssef Sif)
Oui, absolument, mais je vais faire venir Youssef avec nous. Les U19 sont la véritable pierre angulaire du projet, même s’il faudra du temps. On monte cette année, c’est exceptionnel ! En PACA on est le seul club non professionnel à l’avoir jamais fait ! On travaillera avec un groupe d’une soixantaine de joueurs, on a essayé de cibler les meilleurs jeunes du coin et donc une majorité de Toulonnais. On a déjà tout anticipé : le projet de jeu, le terrain… On sait qu’on va avoir affaire à une très grosse opposition en tout cas cette année. Mais on bosse, le travail est là. On veut remettre la formation au cœur du projet Sporting. On a fait d’ailleurs fait signer trois de nos jeunes cette année (dont Morgan Guilavogui, extrêmement convoité). On envoie un signal fort. Et avec ce projet U23, on pourra laisser le temps aux différents potentiels d’exploser. On essaye vraiment d’anticiper. On bosse avec un groupe de jeunes élargi, on essaye d’optimiser au maximum les temps de passage. À moyen terme, nous sommes persuadés d’avoir le potentiel pour avoir une réserve en CFA.
Et les Féminines dans tout ça ? Que répondez-vous quand on dit qu’elles ont manqué de moyens ?
Mais on a mis les moyens ! Quand elles montent la saison dernière, on était persuadés, avec le staff technique, qu’on aurait la capacité à se maintenir. Que ce soit au niveau de l’encadrement technique, que ce soit au niveau du bus mis à disposition pour les déplacements, des compétences de l’entraîneur… Non, par contre, je pense qu’on a fait une erreur fondamentale : on a voulu les récompenser en les faisant jouer à BR. Le terrain est grand, face à des équipes qui jouent, ça peut être compliqué. D’ailleurs, elles ont fait de bien meilleures prestations à Mercheyer. L’ambition, quoi qu’il en soit, cette année, c’est de remonter. Après, il faut bien avoir conscience que le vivier de joueuses dans la région n’est pas exceptionnel et que le football féminin ne suit pas forcément les règles du football masculin à ce niveau-là. Il faut le prendre en compte dans notre recrutement.
Fin de la 1ère partie, à suivre...